Mystique Varanasi
Varanasi, aussi appelé Bénarès, fut la dernière étape de ce beau voyage dans l’Uttar Pradesh et le Madhya Pradesh. Cette ville, à l’ambiance mystique, est également la destination finale pour beaucoup de personnes en Inde. Ainsi, mourir à Varanasi et s’y faire incinérer est la plus grande délivrance qu’un hindou puisse connaître, puisqu’il échappera alors au cycle infernal des réincarnations qui engluent son âme sur terre. Mourir à Bénarès permettrait d’atteindre le grand Salut…
La vie à Bénarès s’articule essentiellement autour des ghâts, ces immenses marches qui donnent accès à l’eau et sont telles un grand amphithéâtre permettant d’admirer et de rendre hommage à ce fleuve si sacré qu’est le Gange.
Dès le lever du soleil, c’est l’effervescence sur les ghâts, les fidèles s’y retrouvent en nombre pour les différents rituels d’ablutions et de poojas. Plus loin, ce sont les travailleurs qui s’accaparent le bas des marches pour battre le linge qu’ils ont en charge de laver. La journée, aux heures chaudes, c’est plus calme. L’animation reprend au coucher du soleil avec la cérémonie du feu en hommage au Gange.
Promenade en barque sur le Gange
Poojas et ablutions sur les ghâts
Saris multicolores séchant au soleil
Un sadhu
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Cérémonie du feu en hommage au Gange
On ne peut pas parler de Varanasi sans évoquer les ghâts de crémation. Lors de notre première ballade sur les ghâts avec Stéphane, nous nous demandions où ceux-ci pouvaient bien se trouver. En approchant d’un ghât où s’amoncelaient de partout les bûches de bois, on s’est dit que sans aucun doute c’était là !
Attirés par la curiosité mais aussi gênés par le côté voyeur de la chose, nous avons observés un moment depuis une balustrade surplombant le ghât pour voir comment cela se passait.
La cadence est assez soutenue, les crémations ont lieu 24h/24. Les corps sont amenés sur des brancards en bambous via le dédale des ruelles de la vieille ville jusqu’aux ghâts. De multiples linceuls colorés jaune safran ou rouge enveloppent les corps laissant parfois le visage apparent, des guirlandes d’œillets d’inde jaune entourant et quadrillant le corps. On plonge ensuite le cadavre sur son brancard dans le Gange à plusieurs reprises pour une dernière purification. Pendant ce temps, des hommes s’affairent à empiler les bouts de bois qui constitueront le bûcher. Après le bain funèbre, on enlève tous les linceuls colorés et les fleurs de la dépouille pour la déposer sur ce bûcher, quelques bouts de bois supplémentaires et des brindilles étant ensuite ajoutés sur le corps. Le feu de la délivrance est ensuite allumé pour réduire en cendre l’enveloppe charnelle qui n’est qu’une illusion sur terre et qui permettra à l’âme d’atteindre le nirvana, nommé plutôt moksa pour les hindous. Une fois tout le bûcher et le corps consumés, les cendres sont jetées dans le fleuve pour se mêler à l’eau sacrée.
Ghât Manikarnika dédié aux crémations
Corps attendant d’être déposé sur son bûcher
Etant prévenue de ce qui m’attendait, je n’ai pas été choquée par le vue de telles images. Pourtant, c’était parfois vraiment inhabituel comme scènes. Nous avons fait plusieurs ballades en barque sur le Gange à longer les ghâts et nous sommes donc repassés devant ce ghât Manikarnika dédié aux crémations. Plusieurs bûchers étant à chaque fois en feu, nous pouvions voir des bras ou des pieds dépasser des flammes de manière macabre. Par contre, on nous avait parlé d’une odeur de la mort omniprésente à Bénarès, mais honnêtement à part une odeur de feu de bois près du ghât Manikarnika, nous n’avons rien senti d’autre, ce n’est pas plus mal !
merci Audrey pour ce publireportage fort intéressant. j’ai l’impression d’être sur la chaine voyage!!