Pélerinage à Tirupati/Tirumala
Vendredi, de bon matin, nous avons fait route vers Tirupati, le lieu de pèlerinage le plus fréquenté d’Inde. Le temple qui fait l’objet d’une telle dévotion est dédiée à Venkateswara, plus populairement appelé Balaji, une réincarnation de Vishnou. On attribue à cette divinité le pouvoir de réaliser les vœux émis devant sa statue dans le sanctuaire du temple.
Tirupati (ou Tirumala) est comparé au Vatican ou à la Mecque tellement l’affluence est grande, il y aurait en moyenne 50 000 pèlerins par jour, avec des pointes à 500 000 lors de fêtes particulières.
Nous étions donc préparés psychologiquement à faire plusieurs heures de queue. Contrairement à certains pèlerins, nous avions choisi plusieurs options plus confortables tout de même. Pour commencer, nous avons atteint en voiture le sommet de la colline sur lequel le temple sacré se dresse ; les puristes se faisant les 15 km de montée à pied. Et ensuite nous avons opté pour la solution « quick darshan», qui permet d’accéder à la divinité plus rapidement moyennant la somme de 300Rs (5€) par personne.
Nous avons donc entamé la file d’attente « quick darshan » en déambulant à travers de longs couloirs grillagés, il nous semblait qu’il y avait moins de monde que l’on redoutait, sans doute parce que nous étions un jour de semaine quelconque. Nous arrivons ensuite à un point de contrôle des tickets. Là on nous indique gentiment de nous mettre sur le côté. Et très sérieusement, l’agent nous demande de remplir le formulaire 1360F, nous faisant déclarer sur l’honneur que bien que non-hindous, nous avons la foi et nous vénérons Lord Balaji, ce qui nous autorise à rentrer dans le temple. Bon ok ( ??), une fois cette formalité accomplie, nous continuons la queue. Le système mis en place est assez bien pensé. Une série de 6 sas grillagés s’enchainent, permettant de gérer les flux de personnes. Pour attendre confortablement l’ouverture de la porte pour passer au sas suivant, des bancs sont disponibles sur le côté de la file, alignés les uns derrière les autres. Ventilateurs, toilettes et stands de café sont accessibles dans chaque sas pour rendre l’attente confortable. Nous sommes entourés de tous les pèlerins hindous (nous n’avons pas croisé un occidental de toute la journée) qui ont l’air impatients de voir la divinité, Lord Balaji. Beaucoup d’entre eux, hommes, femmes et enfants, ont la tête rasée car il est d’usage de faire don de ses cheveux à la divinité lors de son pèlerinage à Tirupati. La ville est ainsi devenue un lieu important d’exportation de cheveux coupés pour le business des perruques ou rajouts.
Nous avons pu visiter un bâtiment, où ici pour de vrai on rase gratis (vu ce que doit rapporter la vente des cheveux ensuite, c’est la moindre des choses). C’est assez impressionnant à voir, des dizaines de coiffeurs officient à la chaîne, rasant les crânes à tour de bras. Cela fait mal au cœur de voir ces femmes avec de longs cheveux noirs magnifiques finir la boule à zéro en moins d’une minute. Malheureusement comme pour l’accès au sanctuaire, les photos sont interdites dans ce bâtiment aussi.
Revenons à notre file d’attente. Arrivés au bout des 6 sas, nous pensons atteindre le but. Mais déception, il semble que nous n’ayons vu pour l’instant que la partie émergée de l’iceberg. Au tournant, un nouveau dédale de couloirs grillagés nous attend. Un peu dépités, nous continuons à faire la queue, sans tout le confort cité précédemment cette fois. Cependant, c’est « moins pire » que je ne le redoutais. Et oui, les indiens ont normalement la fâcheuse tendance à coller et pousser dans les files d’attente, mais là nous pouvions avoir notre espace vital minimum, sans contact avec les voisins. Ceci dit, à côté de nous, séparés par une grille, l’ambiance avait l’air plus collé-serré dans la file de « darshan » gratuite.
Après un nouveau contrôle de sécurité, nous pénétrons enfin dans l’enceinte sacrée. Nous pouvons alors voir le sanctuaire, entièrement couvert d’or, il est vraiment magnifique.
C’est la dernière ligne droite, l’entrée pour voir la divinité est toute proche. On sent l’excitation monter dans la foule, là ca commence à pousser un peu. Après plus de 3h de queue (ne nous plaignons pas, dans la file normale cela peut prendre 7 à 8h), ca y est on passe la porte, là c’est clair les gens sont déchaînés et semblent très heureux. La statue de Lord Balaji en ligne de vue, les pèlerins prient et invoquent leur dieu. Mais ils n’ont guère le temps de s’attarder, des agents sont là spécialement employés pour pousser les gens vers la sortie. Devant la divinité, les hindous ont à peine le temps d’apercevoir la statue, faire un vœu, que ça y est ils sont dehors. En tant qu’étrangers, nous avons eu droit à un statut spécial, au lieu de nous pousser vers la sortie, un agent nous a pris le bras pour nous coller juste devant la divinité et pouvoir mieux l’observer. Ravie de cette chance, j’ai pu effectivement voir plus concrètement Lord Balaji, mais je n’ai pas voulu abuser de ce privilège plus d’une dizaine de secondes, gênée de peut-être boucher la vue aux hindous ayant fait tout le pèlerinage et pour qui la vision du dieu a une valeur très sacrée.
Une fois notre « darshan » accompli, nous avons pu errer librement dans l’enceinte du temple. Sur l’un des côtés, derrière des fenêtres grillagées, nous pouvions voir des dizaines de moines compter des liasses énormes de billets qui jonchaient le sol. Avec des dizaines de milliers de visiteurs par jour et autant d’offrandes, c’est sûr qu’ils doivent en brasser des roupies… En plus d’être devenu le lieu de culte le plus visité de la planète, dépassant en 2007 le Vatican, le temple de Venkateswara serait aussi le plus riche avec plus de 100 millions d’euros de revenu par an. Beau score.
tu en avais entendu parler avant de ce temple? c’est incroyable 100M d’€/an, attends mais les offrandes sont en roupies, ca fait une fortune !!
Non, jamais entendu parlé avant de venir en Inde alors qu’ici c’est leur Vatican.